Les paradoxes de l'échafaud

— Vous croyez donc qu'ils sont morts parce qu'on les a guillotinés, vous?
— Sans doute.
— Eh bien! On voit que vous ne regardez pas dans le panier quand ils sont là tous ensemble; que vous ne leur voyez pas tordre les yeux et grincer des dents pendant cinq minutes encore après l'exécution. Nous sommes obligés de changer de panier tous les trois mois, tant ils en saccagent le fond avec les dents. C'est un tas de têtes d'aristocrates, voyez-vous, qui ne veulent pas se décider à mourir, et je ne serais pas étonné qu'un jour quelqu'une d'elles se mit à crier: Vive le roi!

 

Alexandre Dumas apud Pierre-Jean-Georges Cabanis, Note sur le supplice de la guillotine.